DMG PARIS DIDEROT: Revue de Presse

Interleukine2: espoir déçu dans le traitement du VIH

The INSIGHT-ESPRIT Study Group and SILCAAT Scientific committee- Interleukin-2 therapy in Patients with HIV infection. N Engl J Med 2009 ;361:1548-59



Remarque: ce résumé d'article a été écrit par un étudiant ou un enseignant du DEPARTEMENT DE MEDECINE GENERALE DE PARIS 7. Il est en accès libre. La rédaction des résumés est faite dans le cadre de la REVUE DE PRESSE du DMG.

Règles éditoriales du site


Résumé de l'article

INTRODUCTION

Chez les patients infectés par le VIH, le taux de CD4 est le reflet du degré d’immunodépression. Sa chute au cours de l’histoire naturelle de l’infection est corrélée à la survenue des infections opportunistes et la mortalité des patients.

Depuis le début de l’épidémie et la découverte du virus dans les années 80 de nombreuses voies de recherche dans le traitement ont été ouvertes. La mise au point des trithérapies antirétrovirales hautement actives (HART) dans les années 90 a marqué un grand tournant dans la prise en charge des patients infectés qui ont alors vu leur fonction immunitaire restaurée et la réplication du virus dans l’organisme maîtrisée.

Une autre voie de recherche lancée dès le milieu des années 80 a été l’immunothérapie, notamment par l’Interleukine 2 (IL2).

L’IL2 est une cytokine pro-inflammatoire sécrétée par les Lymphocytes T (LT) activés. Elle assure 3 grands rôles: prolifération, différentiation et survie des LT notamment CD4+. Ces propriétés ont été explorées comme voie de traitement des patients infectés par le VIH.

Plusieurs études cliniques ont montré que l’administration d’IL2 recombinante en plus du traitement ARV s’accompagne d’une élévation du taux de CD4 , cette élévation est d’autant meilleure que le taux de CD4 de départ est élevé.

On ne sait pas si l’élévation du taux de CD4 s’accompagne de bénéfice sur l’évolution clinique de la maladie à VIH et donc s’il existe un bénéfice en termes de morbi-mortalité.

RESUME DE L´ETUDE
OBJECTIF

Montrer si l’administration d’IL2 en plus du traitement ARV s’accompagne d’un bénéfice clinique chez les patients VIH+

METHODE

Il s’agit de 2 essais thérapeutiques menés en parallèle, randomisés, multicentriques, ouverts, en intention de traité : SILCAAT (Subcutaneous recombinant human IL2 in HIV patients with low CD4 cell counts under Active Antiretroviral Therapy) et ESPRIT (Evaluation of Subcutaneous Proleukin in a Randomized International Trials)

Chaque étude compare 2 groupes en fonction de leur traitement: IL2 + ARV versus ARV seul.

Les populations étudiées étaient composées de patients adultes infectés par le VIH et traités par ARV. Dans SILCAAT le taux de CD4 à l’inclusion devait être compris entre 50 et 299/mm3 et leur charge virale < 10 000 copies/ml. Dans ESPRIT le taux de CD4 à l’inclusion devait être > 300/mm3.

Les 2 études se sont déroulées entre 2000 et 2008.

Le critère de jugement principal était un critère composite: survenue d’infection opportuniste ou mort quelque soit la cause. Les investigateurs se sont également intéressés au taux de CD4 et aux charges virales dans les 2 groupes ainsi qu’à la survenue d’effets indésirables graves (évènement clinique de grade 4). Les patients des 2 groupes étaient vus tous les 6 mois pour un examen clinique et un suivi biologique immuno-virologique.

RESULTATS

Dans l’étude SILCAAT 1695 patients ont été inclus (849 dans le groupe IL2+ARV vs 846 ARV seul) , dans l’étude ESPRIT 4111 ont été patients inclus (2071 dans le groupe IL2+ARV vs 2040 ARV seul).

Au terme des deux études il n’est pas apparu de différence significative entre les deux groupes sur le critère principal, à savoir le nombre d’infections opportuniste et décès :

Les auteurs ont pu de nouveau observer une différence significative dans les taux de CD4 en faveur du traitement par IL2, de nouveau cette différence était d’autant plus marquée que le taux de CD4 initial était élevé. Aucune différence dans l’évolution de la charge virale entre les 2 groupes n’a été observée.

Les évènements indésirables de grade 4 (c´est-à-dire à même d’engager le pronostic vital) étaient statistiquement plus nombreux chez les patients traités par IL2, notamment concernant les accidents vasculaires, surtout thrombose veineuse profonde (HR 2,8 –95%CI 1,53 à 5,15 p<0,001)

CONCLUSION

L’administration d’IL2 en plus du traitement ARV n’apporte pas de bénéfice clinique aux patients VIH+ en terme d’infections opportunistes / mortalité. La balance bénéfice / risque de ce traitement est même clairement défavorable, entraînant un excès de risque d’accident vasculaire d’origine thrombo-embolique chez les patients recevant l’IL2.


Commentaire

COMMENTAIRE

Cette grande étude internationale apporte une réponse importante sur cette voie de recherche de l’IL2 qui, depuis plus de 20 ans, avait suscité quelques espoirs dans le traitement du VIH.

A l’heure actuelle le traitement di VIH repose sur la trithérapie antirétrovirale associant deux inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase inverse (INTI) avec soit une antiprotéase (IP) soit un inhibiteur non nucléosidique de la transcriptase inverse (INNTI).

Ces traitements débutés à temps et bien conduits permettent le plus souvent au patient d’avoir une espérance de vie proche de celle de la population générale.


Ce site respecte les principes de la charte HONcode de HON Ce site respecte les principes de la charte HONcode.
Site certifié en partenariat avec la Haute Autorité de Santé (HAS).
Vérifiez ici.

Revue de Presse
du DMG Paris DIDEROT



© DMG PARIS DIDEROT