DMG PARIS DIDEROT: Revue de Presse

Douleur et dépression, des données en médecine générale

Agüera et al. BMC Family Practice 2010, 11:17 http://www.biomedcentral.com/1471-2296/11/17



Remarque: ce résumé d'article a été écrit par un étudiant ou un enseignant du DEPARTEMENT DE MEDECINE GENERALE DE PARIS 7. Il est en accès libre. La rédaction des résumés est faite dans le cadre de la REVUE DE PRESSE du DMG.

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Résumé de l'article

Cette étude espagnole se propose de faire la lumière sur la co-morbidité entre les douleurs chroniques et les troubles dépressifs, les facteurs prédisposant à cette relation et enfin en quoi la présence d’un trouble de l’humeur modifie le recours aux soins lors d’une douleur chronique.

Contexte : plusieurs études ont montré que la présence d’une douleur chronique et son intensité durant un épisode dépressif constituaient un critère de sévérité de celui-ci. De plus, cette co-morbidité augmente le recours aux soins primaires et la consommation de médicaments. Dans un contexte de mésestimation et de sous-diagnostic de la dépression par les MG, le risque s’en retrouve accru en cas de douleur concomitante car le traitement du symptôme physique devient le plus souvent la priorité du soignant.

Si la relation neurophysiologique entre les deux phénomènes est bien documentée, la relation clinique entre trouble de l’humeur et douleur chronique inexpliquée a été moins étudiée, ce que cette enquête veut évaluer.

Méthodologie : 600 MG ont été sélectionnés sur la base du volontariat dans des centres de soins, le nombre de centres par région espagnole ayant été fixé proportionnellement selon le nombre d’habitants. Les critères d’inclusion des patients étaient un âge supérieur à 18 ans et un motif de consultation de « douleur inexpliquée » durant depuis plus de 6 semaines. Le caractère inexpliqué concernait la cause de la douleur ou une intensité démesurée par rapport à la cause de la douleur. Les patients ne devaient pas avoir de diagnostic de trouble de l’humeur en cours.

Le nombre de patients minimal pour avoir des résultats significatifs statistiquement selon un intervalle de confiance de 95%, ainsi qu’une possibilité d’analyses par sous-groupes et en regard d’un taux de non-réponse et d’exclusion de 10% a été évalué à 3641 patients, soit 7 patients à recruter par MG.

Chaque MG a reçu une procédure de recueil d’informations sur les patients, sociodémographiques, cliniques (pour la douleur) et à propos du recours aux soins. L’évaluation de la douleur était réalisée par EVA et celle du trouble de l’humeur par le questionnaire PRIME-MD en version espagnole (Se 83% Sp 88%).

Résultats : 3189 patients ont été inclus, avec 73% de femmes pour un âge moyen de 54 ans , la durée moyenne de la douleur était de 31 mois avec une intensité moyenne de 56 / 100.

- Les patients se plaignaient de 3 à 4 localisations et le plus souvent au niveau du cou et du dos ,

- Dans 38% des cas, la cause de la douleur était connue mais l’intensité ne s’expliquait pas ,

- Dans 78% des cas, la douleur concernait le système musculo-squelettique ,

- 94% des patients avaient un traitement antalgique (10% sous opiacés)

- Les six semaines précédant l’étude, les patients avaient vu leur MG en moyenne 3,2 fois pour traiter la douleur.

La prévalence des troubles de l’humeur lors d’une douleur chronique était de 80% avec 52% d’EDM. Les facteurs qui prédisposaient à ces troubles étaient : le sexe (femme), la durée et l’intensité de la douleur (proportionnelles), le nombre de sites douloureux et l’absence d’explication concernant la douleur. Le recours aux professionnels était plus fréquent dès lors qu’il existait un trouble de l’humeur associé à la douleur chronique.


Commentaire

Commentaire : cette étude repose sur une méthodologie solide et produit des résultats intéressants avec une discussion honnête :

- Elle renforce la tendance décrite dans nombre d’études à savoir que les troubles de l’humeur sont plus fréquents chez les femmes, sous diagnostiqués par les MG et d’autant plus en cas de douleurs associées 1-4 ,

- Elle montre une prévalence de troubles de l’humeur élevée devant une douleur chronique, d’autant plus que la cause de cette douleur est indéterminée. Cependant les auteurs soulignent bien que l’enquête ne permet malheureusement pas de connaître le rapport de causalité entre troubles de l’humeur et douleur chronique, celui-ci s’avérant extrêmement difficile à déterminer.


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