DMG PARIS DIDEROT: Revue de Presse

Etude retrospective de très grande ampleur, retrouvant un effet protecteur très important du vaccin antirotavirus vis-à-vis de la survenue de crises convulsives, dans l'année suivant la vaccination.

Payne, D, Baggs J, Zer D, et al.Protective Association Between Rotavirus Vaccination and Childhood Seizures in the Year Following Vaccination in US Children Clin Infect Dis ; 2014 : 173-177



Remarque: ce résumé d'article a été écrit par un étudiant ou un enseignant du DEPARTEMENT DE MEDECINE GENERALE DE PARIS 7. Il est en accès libre. La rédaction des résumés est faite dans le cadre de la REVUE DE PRESSE du DMG.

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Résumé de l'article

Contexte

Depuis l´arrivée des différents vaccin anti-rotavirus, des bénéfices en terme de santé publique ont été démontré à plusieurs reprises : diminution des consultations et des hospitalisations pour diarrhée sévère, économie annuelle estimée à plus de 180 millions de dollars.

Par ailleurs, plusieurs études ont montré que l´infection à rotavirus pouvait être systémique (antigène retrouvé dans le serum, PCR positive dans le LCR, etc), et une étude de plus de 1300 enfants avec une infection prouvée à rotavirus retrouvait un taux d´évènement comitial, fébrile ou non, de 7%.

Les auteurs de cette étude ont donc recherché un effet positif de la protection contre le rotavirus sur le nombre de convulsions.

Méthode

Le VSD, vaccine safety datalink, est un réseau épidémiologique étasunien dont l´objectif est le recueil d´information pour la recherche concernant la sécurité des vaccins. Il repose sur un grand nombre de centres de santé, repartis sur tout le territoire. Le recueil de données épidémiologiques, cliniques, et de vaccination concerne 8.8 millions de personnes (3% de la population étasunienne).

L´étude a porté sur une cohorte enregistrée dans le VSD : 260 666 enfants nés entre mars 2006 et novembre 2009.

Le critère principal de jugement était le nombre d´admissions en hospitalisation, ou de consultations dans un service d´urgence, pour un épisode convulsif survenu dans l´année suivant la dernière injection vaccinale, ou dans l´année suivant une date correspondant à l´âge recommandé pour cette dernière injection pour les enfant non vaccinés. Les données concernant la survenue de convulsion étaient collectées par le VSD via le système d´assurance, qui fournit le code du diagnostic retenu à l´issue de l´hospitalisation ou de la consultation). Le nombre d´épisodes convulsifs survenus chez les 186 513 enfants vaccinés était comparé au nombre d´épisodes convulsifs survenus chez les 74 153 enfants non vaccinés, après ajustement sur la zone géographique, l´âge au moment de la dernière injection, le mois et l´année.

Résultats

L´analyse multivariée retrouvait une différence statistiquement significative, avec une diminution de la survenue d´un premier épisode convulsif (risque relatif = 0.816 , IC95% 0.73 - 0.91), et de toutes convulsions (risque relatif = 0.79 , IC95% 0.71 – 0.88).

Discussion

Cette étude, solide sur le plan méthodologique, montre un effet bénéfique de la vaccination complète anti-rotavirus sur la survenue d´épisode convulsif, fébrile ou non, dans l´année suivant le vaccin. En calculant le nombre de consultations d´urgence et d´hospitalisations, les auteurs estiment que la vaccination généralisée permettrait une économie supérieure à 7 millions de dollars.


Commentaire

L´ampleur de l´effet constaté paraît très important pour une association aussi inattendue, bien que documentée sur le plan physiopathologique.

Il existe plusieurs facteurs qui limitent l´impact de cette étude, en particulier pour son extrapolation à d´autres contexte de soin (comme la France).

Premièrement, 99% des enfants vaccinés ont reçu le vaccin pentavalent (Rotateq®), le vaccin monovalent (Rotarix®) n´ayant été commercialisé qu´en 2008. Ces résultats demandent éventuellement à être confirmés avec le vaccin monovalent.

On peut également remarquer que le délai retenu pour l´analyse (4 à 55 semaines après la dernière injection) exclu de fait d´éventuels épisodes convulsifs survenant dans les suites de la vaccination, en particulier à l´occasion d´un épisode fébrile lié au vaccin.

Par ailleurs, l´analyse n´a pas tenu compte de facteurs de confusion potentiels qui pourrait avoir augmenté l´ampleur de l´effet bénéfique constaté. Par exemple, on peut envisager que les enfants ayant déjà présenté des épisodes convulsifs fébriles (éventuellement à l´occasion d´une autre vaccination) soient moins fréquemment vaccinés que les autres. De façon générale, l´analyse n´a pas tenu compte de données cliniques qui pourraient être liées à la fois à la pratique de la vaccination et à la survenue de convulsion.

Cependant, la majorité des enfants inclus avaient entre 8 et 18 mois pendant la durée de l´analyse, ce qui a pu permettre de mettre en évidence une différence portant principalement sur les convulsions non fébriles (pic d´incidence avant 12 mois) au détriment des convulsion fébriles (pic d´incidence entre 18 et 24 mois). Plusieurs études ayant montré que les convulsions survenant en contexte de diarrhée étaient bien plus souvent non fébriles, cela pourrait expliquer en partie de l´ampleur de l´effet constaté.

Enfin, si les autres bénéfices de la vaccination contre le rotavirus sont largement démontrés en USA, ils ne l´ont jamais été en France. Des paramètres primordiaux dans la gestion de l´épidémie de rotavirus, comme l´épidémiologie virologique et les conditions et modes d´accès au système de soins, étant différents entre la France et les Etats-Unis, l´extrapolation de ces résultats doit rester prudente.


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