DMG PARIS DIDEROT: Revue de Presse

Description du système de surveillance du chikungunya et de la dengue en France métropolitaine, et des actions de préventions vis-à-vis de la transmissions autochtones de ces arboviroses.

Paty MC, Six C, Charlet F, et al.Le nombre important de cas importés de chikungunya en France métropolitaine représente un défi pour la surveillance et l’interve BEH ; 2014 : 404-408



Remarque: ce résumé d'article a été écrit par un étudiant ou un enseignant du DEPARTEMENT DE MEDECINE GENERALE DE PARIS 7. Il est en accès libre. La rédaction des résumés est faite dans le cadre de la REVUE DE PRESSE du DMG.

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Résumé de l'article

Introduction

Cet article est une publication accélérée, intervenue à la suite d’une augmentation majeure du nombre de cas de Chikungunya importé en métropole pendant l’été 2014, suite à l’épidémie sévissant actuellement dans les Antilles et en Guyane. En effet, la colonisation progressive de plusieurs départements du sud de la France par un vecteur compétent, Aedes albopictus, fait redouter la transmission autochtone d’arboviroses (essentiellement la dengue et le chikungunya) initialement importée via l’intense flux de voyageurs entre la France métropolitaine et les départements et collectivités français d’amérique (DFA). Par ricochet, l’épidémie de chikungunya aux Antilles impose donc, en métropole, des mesures de surveillance et de prévention visant à réduire autant que possible le risque de transmission autochtone pouvant conduire à une épidémie dans les départements français colonisés par Aedes albopictus, et au-delà, dans les autres territoires européens colonisés.

Le système de surveillance

Suite à la mise en évidence de l’implantation d’Aedes albopictus dans les Alpes Maritime en 2004, un plan anti-dissémination du chikungunya et de la dengue en métropole a été mis en place en 2006. En raison des similarités cliniques et entomologiques des deux maladies, un système de surveillance commun a été mis en place, comprenant un volet entomologique et un volet épidémiologique.

Surveillance entomologique

Elle est mise en œuvre localement, sous la coordination et la responsabilité du ministère de la santé, par différents opérateurs publics de démoustication. Elle consiste notamment en la vérification, au moins mensuelle, de pièges pondoirs mis en place le long du littoral méditerranéen et du réseau autoroutier à l’intérieur des terres. La recherche des virus n’est pas pratiquée en routine sur les moustiques ou les œufs. Cette surveillance a mis en évidence une dissémination progressive et rapide d’Aedes albopictus : d’un seul département en 2004 (Alpes Maritimes), le moustique est désormais présent dans 18 département du sud de la France (intégralité du pourtour méditerranéen, Gironde, Lot et Garonne, Haute Garonne, Vaucluse, Alpes de Haute Provence, Ardèche, Drome, Isère et Rhône).

Surveillance épidémiologique

Un cas suspect est défini par une fièvre supérieure à 38.5°, associée à des arthralgies pour le chikungunya, ou à l’un des signes suivant pour la dengue : céphalée, douleur rétro-orbitaire, arthralgie, myalgie, lombalgie. La confirmation biologique est définie par une sérologie positive(IgM positifs, ou taux d’IgG multiplié par 4), une PCR positive, ou la présence d’antigène NS1 pour la dengue.

Le système de surveillance a pour objectif de prévenir l’instauration d’un cycle de transmission autochtone des virus. Il repose sur 3 composantes :

Si un cas de transmission autochtone est confirmé, une autre série de mesure est mise en place, visant à dépister les autres cas dans l’entourage, et à endiguer le cycle de transmission au plus tôt :

Cas de Chigungunya en France métropolitaine en 2014

Entre le premier cas rapporté à Saint-Martin (1er novembre 2013) et le 27 juin 2014, 475 cas importés de Chykungunya ont été signalés par le réseau de laboratoire, contre 33 en 2011 et 17 en 2012.

L’évolution du nombre d’infection diagnostiqué, semaine par semaine, est superposable entre la métropole dans son ensemble et les départements colonisés par Aedes albopictus, mais aussi avec l’évolution du nombre de cas estimé dans les DFA (estimation issue d’un réseau sentinelle de médecin, aux Antilles et en Guyane).

Dans les départements concernés par la surveillance saisonnière renforcée, 126 cas de Chikungunuya confirmé ont été recensés, sur 350 cas suspects signalés. Il s’agissait en grande majorité de patients ayant séjourné dans les DFA (85%). Dans 80% des cas, le patient infecté était présent dans un département colonisé par Aedes albopictus pendant la phase potentielle de virémie.

Aucun cas de transmission autochtone n’a été repéré.

Discussion

La présence d’un vecteur compétent pour la transmission du Chykungunya et de la dengue dans un nombre croissant de département du sud de la métropole rend possible l’instauration d’un cycle de transmission autochtone de ces arboviroses, après importation initiale du virus par un voyageur depuis une zone d’endémie, voire d’épidémie. Le traffic de voyageurs entre la métropole et la Martinique et la Guadeloupe est très intense, avec environ 2.5 millions de voyageurs en 2013. L’été, qui correspond à la fois à la période d’activité du vecteur et au pic de déplacement des voyageurs entre la métropole et les DAF, est un moment particulièrement à risque, ce qui justifie un système de surveillance spécialement en alerte sur cette période.

Le système de surveillance et prévention mis en place par le ministère de la santé en 2006, est constitué d’une série de mesure entomologique et épidémiologique, visant à limiter le risque de développement d’un cycle de transmission autochtone, et le cas échéant d’en constater la survenue dans les délais les plus brefs.


Commentaire

Un article clair et utile, permettant de faire le point sur le système de surveillance et de prévention de la dengue et du Chikungunya, à un moment où l’épidémie sévissant aux Antilles et en Guyane pourrait mettre ce système à l’épreuve.


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