DMG PARIS DIDEROT: Revue de Presse

La poignée de main, meilleur outil diagnostic que le tensiomètre?

Leong, Darryl P et al. Prognostic value of grip strength: findings from the Prospective Urban Rural Epidemiology (PURE) study. The Lancet 2015;386:266-273.



Remarque: ce résumé d'article a été écrit par un étudiant ou un enseignant du DEPARTEMENT DE MEDECINE GENERALE DE PARIS 7. Il est en accès libre. La rédaction des résumés est faite dans le cadre de la REVUE DE PRESSE du DMG.

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Résumé de l'article

La poignée de main, meilleur outil diagnostic que le tensiomètre?
Contexte

La forme physique est un facteur prédictif important de mortalité, et pour la mesurer on peut utiliser des mesures soit de force musculaire, soit d’endurance.

La mesure de la force de préhension (la force que l'on exerce par exemple lorsque l'on sert la main d'une personne) semble être un outil simple et fiable pour mesurer la force musculaire. Les auteurs ont donc évalué la valeur prédictive de la mesure de la force de préhension sur la mortalité et l'apparition de diverses maladies notamment cardiovasculaires.

Méthode

Dans le cadre du suivi de la cohorte « PURE » pour Prospective Urban-Rural Epidemiology, 154 000 individus étaient sélectionnés dans 17 pays de haut niveau de vie (Canada, Suède, et Emirats Arabes Unis), bon niveau de vie (Argentine, Brésil, Chili, Malaisie, Pologne, Afrique du Sud, Turquie), niveau de vie bas (Chine, Colombie, Iran), et très bas (Bangladesh, Inde, Pakistan, Zimbabwe). Dans l’étude, étaient sélectionnés des couples d’individus âgés de 35 à 70 ans, n’ayant pas prévu de déménager pendant la période de l’essai (4 ans).

On les interrogeait sur leurs antécédents, facteurs de risque notamment cardiovasculaires, niveau d’études, emploi, mode de vie notamment consommation d’alcool, activité physique, alimentation , on mesurait leur BMI et le facteur prédictif étudié ici qui était la mesure de la force de préhension trois fois aux deux mains.

Les critères de jugement étaient la survenue pendant la période du suivi (4 ans), et au moins 6 mois après début de l’étude de :

Décès toutes causes,

Décès d’origine cardio-vasculaire

Décès d’origine non-cardiovasculaire

Infarctus,

AVC,

Diabète

Pneumonie

Admission à l’hôpital pour pneumonie ou décompensation de BPCO

Admission à l’hôpital pour toute cause respiratoire (notamment BPCO, asthme, tuberculose, pneumonie)

Chute avec complication ou fracture

Résultats

Une force de préhension accrue a été associée à l´âge jeune, au sexe masculin, à un haut niveau d´éducation, au fait d'avoir un emploi, à un haut niveau d´activité physique, à un apport calorique alimentaire élevé, de laquelle une forte proportion provenait de protéines, à la taille, au poids, et à la circonférence du bras.

Pour les hommes, les valeurs de la force de préhension ajustées pour l´âge et à la taille étaient 30,2 kg (écart type 8,20) dans les pays à faible revenu, 37,3 kg (8,19) dans les pays à revenu intermédiaire, et 38,1 kg (8,98) dans les pays à revenu élevé. Pour les femmes, valeurs de la force de préhension ajustées pour l´âge et la hauteur étaient 24,3 kg (8,67) dans les pays à faible revenu, 27,9 kg (8,07) dans les pays à revenu intermédiaire, et 26,6 kg (8,19) dans pays à revenu élevé.

Une faible force de préhension était associée à la présence des comorbidités suivantes : hypertension artérielle, coronaropathie, insuffisance cardiaque, accident vasculaire cérébral, BPCO. L´association n´était pas significative entre un diagnostic antérieur de cancer et la force de préhension.

Au cours d´un suivi médian de 4,0 années (2,9-5,1), 3379 (2,4%) des 139 691 participants sont décédés.

Voici les rapports de risque (hazard ratio, HR) entre la force de préhension et la survenue des différents critères de jugement, ajustés pour l´âge, le sexe, le niveau d´éducation, le statut d´emploi (employé ou non), le niveau d´activité physique, le tabac, l´alcool, l´apport énergétique alimentaire quotidien, la proportion protéique de l´apport calorique, l´hypertension, le diabète, l´insuffisance cardiaque, la coronaropathie, la BPCO, les antécédents d´AVC ou de cancer, l´indice de masse corporelle et le rapport tour de taille/ tour de hanches.

Mortalité toutes causes confondues : HR= 1,16 (1,13-1,20), p <0,0001

Mortalité cardiovasculaire : HR= 1,17 (1,11-1,24), p <0,0001

Mortalité non cardiovasculaire : HR= 1,17 (1,12-1,21), p <0 0001

Infarctus du myocarde : HR= 1,07 (1,02-1,11), p = 0,0024

AVC : HR= 1,09 (1,05-1,15), p <0,0001

Diabète : HR= 1,03 (0,996-1,06), p = 0,0836

Cancer : HR= 0,950 (0,919-0,982), p = 0,0024

Pneumonie) HR= 0,991 (0,947-1,04), p = 0,715

Hospitalisation pour pneumonie ou décompensation de BPCO HR= 1,04 (0,974-1,12), p = 0,2278

Admission à l´hôpital avec une maladie respiratoire 1,03 (0,981-1,08), p = 0,241

Blessure suite à une chute 0,968 (0,939-0,998), p = 0,0348

Fracture 0,966 (0,931-1,00), p = 0,0689

Compte tenu de l´association significative entre force de préhension et la mortalité toutes causes confondues, la mortalité cardio-vasculaire, l´incidence d´une maladie cardio-vasculaire dans la population de l´étude PURE, les auteurs ont réalisé une comparaison post-hoc de l´importance pronostique de la mesure force de préhension versus celle de la pression artérielle systolique (PAs) et versus la mesure de l´activité physique déclarée.

La force de l´association avec la mortalité toutes causes était plus grande avec la force de préhension (HR=1,37 , IC95 % 1,28-1,47 , p <0,0001) qu´avec la PAs (HR=1,15 , 1,10-1,21 , p <0,0001).

La force de l´association avec la mortalité cardiovasculaire était comparable entre la PAs (HR=1,43 , 1,32-1,57 , p <0,0001) et la force de préhension (HR=1,45 , 1,30-1,63 , p <0 0001).

La force de l´association avec la survenue de maladies cardiovasculaires était plus grande avec la PAs (HR=1,39 , 1,32-1,47, p <0,0001) qu'avec la force de préhension (1,21 , 1,13-1,29, p <0,0001).

Le niveau d´activité physique était moins prédictif du décès (HR=1,07 , 1,02-1,11, p = 0,002), de la mortalité cardiovasculaire (HR=1,09 , 1,02-1,16, p = 0,01), et de l´incidence d´une maladie cardiovasculaire (HR=1,04 , 0,991-1,09, p = 0,1) que ne l´étaient la force de préhension ou la pression artérielle systolique.

Une force de préhension importante était de plus associée à un faible taux de létalité chez les personnes atteints pendant l'étude d´un infarctus du myocarde, d´un AVC, d´un cancer, d´une pneumonie, admis à l´hôpital pour pneumonie ou la décompensation de BPCO, d´une blessure causée par une chute, ou d´une fracture.


Commentaire

Discussion

Chez des individus issus de divers niveaux économiques et socioculturel, la force de préhension est un puissant prédicteur de la mortalité cardio-vasculaire et modérément fort prédicteur de l´incidence de maladies cardio-vasculaires.

La force de préhension est également prédictive des taux de létalité chez les personnes qui développent une maladie cardiovasculaire ou non.

Ces résultats suggèrent que la force musculaire est un facteur de risque cardiovasculaire incident et peut prédire le risque de décès chez les personnes qui développent une maladie cardiovasculaire ou non.

La nature observationnelle de l´étude ne permet pas d´établie un lien causal entre la force musculaire et le décès ou la survenue d´une maladie cardiovasculaire.

Conclusion

Cette étude suggère que la mesure de la force de préhension est une méthode simple et peu coûteuse pour évaluer le risque de décès, en particulier chez les personnes qui développent une maladie grave, et que la force musculaire est un facteur de risque cardiovasculaire dans un certain nombre de pays et de populations différentes.

D´autres recherches sont nécessaires pour déterminer comment les personnes qui ont une faible force musculaire pourraient améliorer leur pronostic.


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