DMG PARIS DIDEROT: Revue de Presse
Lutter contre la polymédication des personnes âgées
Remarque: ce résumé d'article a été écrit par un étudiant ou un enseignant du DEPARTEMENT DE MEDECINE GENERALE DE PARIS 7. Il est en accès libre. La rédaction des résumés est faite dans le cadre de la REVUE DE PRESSE du DMG.
Résumé de l'article
Méthode
Revue systématique de la littérature réalisée par une équipe australienne et parue dans le BMJ en juin 2016.
Objectif
Tenter de comprendre et d’établir le rôle de la décision partagée dans la déprescription comme moyen de lutte contre la poly médication de la personne âgée.
Introduction
La poly médication est définie par la présence de 5 médicaments ou plus. Elle s’accompagne d’une augmentation du risque d’effets indésirables, du nombre d’hospitalisation, des troubles cognitifs. Dans ce cadre, la diminution des traitements a déjà fait preuve de son efficacité. On a tendance à surestimer les bénéfices et sous-estimer les méfaits des traitements.
Mais la décision partagée est peu connue et difficile à mettre en place. A travers cette étude, les auteurs ont rassemblé l’ensemble des données de la littérature (psychologie, communication…) pour tenter de mieux comprendre l’enjeu de la décision partagée dans le contexte de poly médication.
Comment permettre la déprescription chez les personnes âgées ?
Etape 1 : Sensibiliser au fait que des options existent
La recherche montre que certains patients ne savent pas que la démarche de dé prescription est possible. La discussion au sein de la relation médecin patient est à entamer dès que possible et nécessite un examen attentif de l’ordonnance.
L’attitude des personnes âgées et du praticien sont à prendre en compte. Certains patients sont réticents à l’idée d’arrêter certains médicaments, tout comme peuvent l’être certains praticiens. La décision sera orientée par la communication et le vécu du praticien. En effet les personnes âgées font confiance à leur médecin. Des études américaines et australiennes ont montrées que 62 à 90% des personnes âgées sont prêtes à arrêter certains traitements après documentation ou information de leur médecin.
Il existe également des biais cognitifs qui ralentissent le processus de dé prescription : celui du statu quo (reconnaissance du problème mais échec à agir) et la peur du changement vécu par certaines personnes âgées comme une angoisse. Le dialogue dès l’instauration du traitement est primordial : il faut instaurer des lignes directrices en évitant le « traitement à vie ».
La décision est rendue complexe également par le fait que plusieurs médecins sont en jeu (médecin traitant et spécialistes d'organes), la communication en soins primaires est difficile avec les spécialistes. Le rôle du compagnon (conjoint) du patient est primordial.
Etape 2 : Discuter des effets bénéfiques et des effets secondaires
La présentation des options possibles de dé prescription est parfois compliquée en cas de handicap sensoriel. L’évolution des processus affectifs et cognitifs des personnes âgées vont jouer un rôle sur leur prise de décision. Elles ont tendance à se concentrer de façon disproportionnée aux effets positifs et prêtent attention à moins d’option. Leurs compétences à comprendre la mesure chiffrée des risques sont moins importantes que chez des sujets jeunes.L’utilisation des pictogrammes est peut-être à envisager. Une étude chez les plus de 75 ans a montré une grande différence de compréhension sur les effets indésirables et les bénéfices de leur traitement.
Communiquer l’incertitude est une difficulté pour les praticiens et peut jouer dans la prise de décision.
Il faut réussir à établir une distinction entre les différents traitements : curatifs, préventifs ou symptomatiques. Les praticiens se sentent globalement sous pression par rapport aux recommandations médicales ce qui limitent la dé prescription.
Etape 3 : Explorer les préférences du patient
Les préférences sont variées et instables d’où l’importance de les identifier et de les prioriser. Les patients ne savent pas forcément ce qui est important pour eux. D’autres pensent que leur médecin sait déjà ce qu’ils veulent ce qui explique que certaines personnes âgées ne s'impliquent pas lors de la prise de décision.
Peser avantages et inconvénients est plus complexe chez la personne âgée car il faut tenir compte de la qualité de vie et de l’espérance de vie, élément prédictif que certains médecins généralistes refusent d’aborder. La littérature montre que l’autoévaluation de la santé est un bon prédicateur de mortalité donc utilisable au quotidien.
Etape 4 : Prendre la décision
La préférence est pour la participation et l’autonomie du patient.
La dé prescription est un processus continu qui nécessite une approche par étapes, une surveillance active et une cessation des traitements provisoire et non définitive.
Conclusion
La dé prescription est donc un défi important et pas facile pour laquelle la décision partagée fait partie intégrante.
Commentaire
Discussions
- Article qui définit une marche à suivre par étapes permettant de mettre en œuvre la déprescription chez les personnes âgées.
- Le travail d´amont comme l´information donnée au moment de l´instauration des traitements est primordiale. Il est important de bien hierarchiser les prescriptions.Le mieux est l'ennemi du bien.L'intervention de nombreux praticiens, qui communiquent insuffisamment, abouti souvent à des prescription millefeuilles que personne n'ose modifier.C'est pourquoi la décision partagée , médecin patient mais aussi entre les pratiicen , parait un préalable fondamentale. Il est ici question d'un fonction fondamentale du médecin généraliste , integrateur de l'ensemble des traitements du patient dans une approche globale.
- auteur du résumé:Ingrid Labaeye (Etudiant(e) au DMG PARIS DIDEROT)
- date de rédaction:01/08/2016
- date de validation:01/08/2016
- Mots cles:
- déprescription
- déprescription
- polymedication
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