DMG PARIS DIDEROT: Revue de Presse

Au delà de la pénibilité du travail de nuit ou posté quels sont les autres risques pour la santé du travailleur ?

Effets sur la santé du travail posté et de nuit, Rev Prescrire, Mai 2016, n°36, tome 391, p 376-382



Remarque: ce résumé d'article a été écrit par un étudiant ou un enseignant du DEPARTEMENT DE MEDECINE GENERALE DE PARIS 7. Il est en accès libre. La rédaction des résumés est faite dans le cadre de la REVUE DE PRESSE du DMG.

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Résumé de l'article

Définitions

Le travail posté est un travail en équipe successive, avec souvent différentes périodes de travail:3 fois 8 h , 2 fois 8 h, 2 fois 12 h.

Le travail de nuit (code du travail) correspond a tout travail effectué entre 21h et 6h, ou entre minuit et 5h (définition européenne retenue dans les études).

Les différentes études regroupent les 2 types d’horaire.

Travail posté/ de nuit en chiffre

En 2011, un salarié sur 3 travaillaient en horaires décalés ou de nuit.

En 2013, en France métropolitaine, 15.5% des salariés travaillaient de nuit soit 21,6% des hommes salariés français et 9.4% des femmes françaises salariées.

En 2010, 15,8% des salariés français travaillaient en horaires postés (16.7% des hommes et 14.8% des femmes)

Il est important de noter que le nombre de femme travaillant la nuit a doublé en 20 ans (entre 1990 et 2013) alors que le nombre de femmes salariées a augmenté de 30%.

Personnes concernées

conducteurs de véhicules, policiers,militaires, pompiers, infirmiers, sage femme, aides soignants, internes ...

Attention aux biais des études

Les travailleurs postés ou de nuit étant d’un niveau socio-économique plus défavorable que les autre travailleurs et ont donc un état de santé moins bon en commençant le poste (tabac, régime alimentaire…).

Par ailleurs, ces mêmes travailleurs ont plus de facilité à quitter un travail posté/ de nuit quand apparaissent des problèmes de santé, dans ce cas on aurait tendance à avoir des résultats où les travailleurs de nuit ou posté apparaissent en meilleur santé.

Les facteurs de confusion sont nombreux et le caractère multifactoriel des affections sont difficile à prendre en compte.

Troubles liés au travail posté ou de nuit
-> Troubles du sommeil et somnolence

Diminution de 1-2h voire 4h de sommeil par 24h responsable in fine d’une privation chronique de sommeil. Risque accru de somnolence pendant les périodes de veille.

Insomnies avec troubles de l’endormissement, éveils multiples , réveils précoces.

-> Risque d’accidents et d’erreurs

Accident ou quasi accident surtout pour les trajets aller ou retour du lieu de travail. Augmentation du risque d’erreur au travail ( corrélé à l’amplitude horaire et au nombre de gardes)

-> Trouble du caractère, baisse des performances cognitives

Irritabilité, diminution de la capacité à répondre de manière adapté aux exigences émotionnelles liées au travail.

Trouble de concentration, augmentation du temps de réaction, réduction de l’habilité motrice, des capacités de mémorisation et d’apprentissage des faits nouveaux.

Après 5 ans d´arrêt des horaires alternés, disparition de la diminution des performances cognitives.

-> Troubles digestifs

Douleur abdominale, ballonnement, diarrhée, constipation, nausée souvent énoncés par les travailleurs de nuit.

Possible augmentation de trouble digestif et UGD mais biais des études avec facteurs de confusion non pris en compte.

-> Facteurs de risques cardiovasculaires

Nombreux facteurs de confusion également. Association à une augmentation du risque de maladie cardio-vasculaire de 10 à 40% selon les études.

Augmentation statistiquement significative du risque d’IDM de 23% ( IC95% [15-31%]) et d’AVC ischémique de 5% IC95%[1-9%].

Pas d’augmentation statistiquement significative de la mortalité cardio vasculaire.

-> Espérance de vie

Pas d’augmentation statistiquement significative de mortalité.

-> risque d’avortement spontané précoce et accouchement prématuré

Études discordantes et ne présentant pas les mêmes résultats.

Possible augmentation d’accouchement prématuré.

Augmentation du nombre d’avortement spontané de 70% chez les femmes travaillant de nuit et de 20% pour les horaires alternées.

-> risque cancer du sein

En 2007, le CIRC (centre international de recherche sur le cancer) a classé le travail posté avec perturbation du cycle circadien dans le groupe des cancérigènes probables.

Augmentation de 19% du risque de cancer du sein pour le travail posté/ de nuit (IC95% [8-32%]) selon une méta analyse de 2014 regroupant 28 études.

Une surveillance rapprochée nécessaire, par la médecine du travail

Nécessité d’une visite médicale avant affectation du poste puis tous les 6 mois.

A noter, que le travail de nuit/posté ouvre les droit à un départ anticipé à la retraite au titre de pénibilité.

conclusion

La travail de nuit ou posté augmenterait le risque d’apparition de troubles du sommeil, des performances cognitives ,des troubles digestifs, des maladie cardiovasculaires, des avortements spontanés et du risque du cancer du sein.

Il est donc important d’avoir une surveillance médicale rapprochée pour ces travailleurs à risque.


Commentaire

On trouve de nombreux biais et facteurs de confusion dans les études ce qui conduit parfois à des résultats très divergents même dans les méta analyses réalisées sur les risques sur la santé d´un travail de nuit ou posté. Le mérite de cet article est de faire le point sur une part importante de la population dont les conditions peuvent influer sur l'état de santé , avec encore de nombreuses inconnues


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