DMG PARIS DIDEROT: Revue de Presse

Naloxegol: un antagoniste opioïde pour vaincre la constipation sous opiacés

http://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa1310246 N Engl J Med ;



Remarque: ce résumé d'article a été écrit par un étudiant ou un enseignant du DEPARTEMENT DE MEDECINE GENERALE DE PARIS 7. Il est en accès libre. La rédaction des résumés est faite dans le cadre de la REVUE DE PRESSE du DMG.

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Résumé de l'article

Introduction

La famille des opiacés regroupe des agents naturels, synthétiques et semi-synthétiques. Ils ont tous une action antalgique grâce à une médiation centrale. Les opiacés sont sont couramment prescrits (plus de 240 millions d’ordonnances d’opiacés rédigées par an).

Parmi les patients qui consomment des opiacés, 40 à 90% présentent une constipation ou un autre effet indésirable d´ordre gastrointestinal, qui peut altérer l´observance du traitement antalgique et la qualité de vie.

La constipation est le plus fréquent et le plus gênant des effets indésirables gastro-intestinaux rapporté par les patients consommant des opiacés. Elle est induite par la la liaison des agonistes opioïdes sur les récepteurs opioïdes µ situés sur le système nerveux entérique, qui conduit à une inhibition de la vidange gastrique, une augmentation du tonus pylorique, un ralentissement du transit intestinal, une augmentation du tonus sphinctérien anal, et la diminution de la sécrétion des électrolytes et de l’eau dans la lumière intestinale, ainsi qu’une augmentation concomitante de l’absorption des sécrétions luminales. Les règles hygiéno-diététiques, et les laxatifs sont utilisés pour traiter la constipation, mais leur efficacité reste limitée.

Une approche plus récente est le développement des antagonistes des récepteurs opioïdes µ d’action périphérique. Ces agents limitent les effets des opioïdes sur le tractus gastro-intestinal tout en préservant l’effet antalgique d’action centrale.

Deux molécules sont actuellement disponibles sur le marché, la methylnaltrexone (Relistor) et l’alvimopan (Entereg mais n’existe pas en France vraisemblablement), mais l’utilisation de la methylnaltrexone est limitée en raison d’une administration sous-cutanée exclusive, et une indication très étroite (le traitement de la constipation induite par les opiacés chez les patients atteints d’une maladie grave) , et l’alvimopan qui est uniquement indiqué sur une courte période pour les iléus post-opératoires.

Le naloxegol est un derive pégylé de la naloxone, et un antagoniste du récepteur opioïde µ. Il ne passe pas la barrière méningée. Des études de phase 2b antérieures, ont démontré une efficacité à la dose de 25 mg et 50 mg.

But de l´étude

Mesurer l´efficacité de 12,5 mg et 25 mg de naloxegol dans la constipation induite par les opiacés chez les patients atteints douleurs non cancéreuses

Méthode

Il s’agit de deux essais thérapeutiques identiques de phase 3, réalisés en double aveugle, incluant 652 patients dans l’étude dite « 04 » et 700 patients dans l’étude « 05 ». Les patients inclus étaient des patients présentant une constipation sous morphiniques (ou équivalent) dans le cadre d’une douleur chronique non cancéreuse (la plupart du temps, douleur de dos, arthrose, affections musculo-squelettiques). Ces patients étaient randomisés dans 3 groupes : ceux recevant 12,5 mg de naloxegol, ceux recevant 25 mg de naloxego, et ceux recevant un placebo

Le critère de jugement principal était la réponse à 12 semaines (mesurée sur la survenue d’au moins 3 selles hebdomadaires, et une augmentation par rapport au transit antérieur d’une selle spontanée ou plus sur au moins 9 des 12 semaines et pendant au moins les 3 semaines sur les 4 dernières de l’essai). Cet été a été menée en intention de traiter.

Les critères de jugement secondaires étaient le taux de réponse dans le sous-groupe de patients chez qui les laxatifs n’étaient pas efficaces avant l’inclusion dans l’essai, la durée entre la prise du traitement et la première selle, et le nombre de jours moyen par semaine avec une ou plusieurs selles spontanées.

Résultats

Les taux de réponse étaient significativement plus élevés dans les groupes 25 mg de naloxegol que dans les groupes placebo:dans l’étude 04, 44.4% versus 29.4% (P = 0.001), dans l’étude 05, 39.7% versus 29.3% (P = 0.02). Dans les sous-groupes de patients chez qui les laxatifs n’étaient pas efficaces de l’étude 04, on retrouve des taux de réponses à 48.7% dans le groupe 25 mg de naloxegol versus 28.8% dans le groupe placebo (P = 0.002) , de même dans l’étude 05 les résultats sont de 46.8% dans le groupe naloxegol contre 31.4% dans le groupe placebo (P = 0.01).

Dans l’étude 04, on observe aussi une différence significative dans le groupe traité avec 12,5 mg de naloxegol (40.8% versus 29.4% P = 0.02), ce qui n’est pas le cas dans l’étude 05.

Une diminution de la durée entre la prise du traitement et la première selle spontanée est retrouvée, et une augmentation du nombre de jours moyen par semaine avec une ou plusieurs selles ont été observées avec la dose de 25 mg de naloxegol par rapport au placebo dans les deux études (P<0.001), et à la dose de 12,5 mg de naloxegol uniquement dans l’étude 04 (P<0.001). L’évaluation de la douleur et les doses d’opiacés étaient stables dans les 3 groupes. Les effets secondaires (essentiellement gastro-intestinaux) sont survenus le plus fréquemment dans les groupes traités par 25 mg de naloxegol.

Conclusion

Le traitement par naloxegol, comparé au placebo, montre des résultats significatifs sur la prise en charge de la constipation induite par les opiacés, sans en amputer l´efficacité antalgique


Commentaire

A la lecture de cet article, le naloxegol semble être un traitement adéquat pour le traitement de la constipation induite par les opiacés.

A noter que cet essai thérapeutique est financé par les laboratoires AstraZeneca, qui commercialisent comme par hasard du naloxegol.

On retiendra aussi que cette étude compare l´efficacité de la molécule à différents dosages, mais qu´en aucun cas, on ne compare l´efficacité du naloxegol à un traitement de référence. Le naloxegol ne répond pas à la question de savoir s´il est plus efficace que la methylnaltrexone par exemple.

En dernier lieu, on ne retrouve pas les mêmes résultats dans les études 04 et 05 dans les critères de jugement secondaires en fonction des posologies. Ce point est relevé dans la discussion, cependant, les auteurs n´y ont pas trouvé d´explications.


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